Rêves et passions

J'accélère le pas, mon coeur bat la chamade.. Des milliers de choses me traversent l'esprit. Comment sera-il ? Disposé à partager son art, ou refermé ? Sympathique comme le sont tout les dresseurs d'oiseaux, passionnés par ce qu'ils font ( oui, j'ai osé !.. ) ?

Il est là sur le pas de sa porte, le sourire aux lèvres. Il a une bonne tête... J'offre une cigarette, nous entrons, le guide est là, il faut maintenant discuter le prix !..

Diner, couchage, pêche de nuit, pas de petit déjeuner, non merci !..

Nous tombons vite d'accord sur le prix (je n'ai pas très envie de marchander, et j'ai tant de choses à lui demander). A ce moment là, je pense à Pascal de Bretagne, j'aimerais tant qu'il soit à mes cotés... Je pense a Marie, Fanny, Matthieu...

Mon guide fait l'interprète, mais les réponses de Monsieur Wang sont longues !.. Il me regarde parler avec les mains, ne cesse de me sourire. J'essaye de deviner ses réponses, mon guide traduit... les questions fusent, nos regards essayent de deviner et de décrypter... Monsieur Wang me pose aussi des questions... L'heure tourne, les mégots s'entassent...

Une complicité est en train de naitre, je suis bien... deux heures ont passées... Comme convenu le guide doit maintenant repartir. J'attends ce moment avec impatience, et le redoute à la fois. J'ai envie d'être seul avec Wang, mais la barrière de la langue restera un obstacle.

Avant de prendre congé, je demande au guide de bien vouloir nous accompagner sur le bord de la rivière aux cotés des oiseaux, j'ai des questions pratique à poser qu'il faudra traduire...

Nous voici sur le bord de rivière, je prend un cormoran, on discute, le guide s'en va et nous laisse seul. Avant cela il me donne le programme. Wang va aller se coucher, puis il viendra me réveiller, nous dinerons ensemble, puis il devra s'absenter, et je devrais être à la maison pour 19h00, heure de départ pour la pêche..

Manipulation des oiseaux, sieste, diner (pas bon), puis d'un sourire, Wang me fait comprendre que l'heure est arrivée. Il met ces bottes, je le suis...

La nuit est tombée, nous approchons du bateau, il détache les oiseaux, allume le moteur du bateau, une lampe s'allume à l'avant, les cormorans savent ce qu'ils ont à faire...

Les pains de sucre, ces pics de calcaire se dessinent dans la pénombre, l'eau est transparente, les cormorans fouillent les herbiers, remontent à la surface avec leurs prises... Je suis aux anges... Le bateau dessine des arabesque dans l'eau, la corbeille se rempli très doucement... pas de grosses prises... Mais peu importe... l'heure tourne, je n'en ai pas conscience...

Impossible pour moi de vous décrire cette expérience, sans doute qu'il me faudra un peu de temps pour mettre des mots dessus... et puis ce serait ennuyeux pour ceux que la cormorannerie ne passionne pas. Pascal, promis, quand on se voit, je te raconte en détail...

J'ai eu du mal à trouver le sommeil, le lendemain Wang et sa femme insistaient pour que je partage le petit déjeuner ( qui était très bon ).

Retour sur le bord de la rivière, Wang me raccompagna de l'autre coté de la rive...

Je le saluais une dernière fois, ému...

Le minibus me ramena à Yangshuo, j'allais me coucher...

Pas envie de voir du monde... Mais que ferais-je demain ?

J'avais atteint mon but si rapidement !!! L'idée d'aller saluer Manme au Laos, me paraissait de plus en plus comme une évidence...

 

L'étrange étranger

Caresser les cormorans comme on caresse un rêve, et partir...