Rêves et passions

Ce matin là, la même frénésie agitait la gare routière de Kunming... et vite je trouvais un bus qui m'emmènerait près du Lac Hérai...

4H30 me séparaient de cette destination pour laquelle j'avais sans doute trop longtemps hésité. Une destination où les touristes envahissent ces villes jadis paisibles... Il ne fallait sans doute rien attendre de cet endroit, mais la proximité de ce lieu m'obligeait à m'y rendre...

Encore une fois, le bus qui devait m'emmener à Dali s'arrêta 14 km avant la ville. Sans avoir été prévenu, ma carte à la main, j'essayais de me situer, de traduire ces signes !.. Je pestait contre moi-même, impossible de me repérer. Je tentais comme à chaque fois de demander mon chemin, en montrant la carte. Personne ne comprenais !.. Dans un anglais approximatif, mélange  d'anglais et de Chinois, je posait une question qui me paraissait sans importance en demandant si j'étais bien à Dali. La réponse fut des plus claires pour une fois : NON !..

La route avait été si belle, les villages qui bordent la route ressemblent à ces villages tels que je les avais imaginé, avec le faitage des toits en demi-lune aplatie. J'avais partagé des regards qui en disent long avec ceux qui comme moi, voyageaient dans ce bus climatisé. A la pause déjeuner nous avions tenté d'échanger, la barrière de la langue est sans doute plus infranchissable que la grande muraille de Chine que l'on dit apercevoir de la lune. Des sourires, des cigarettes, des fruits, et au moment de se séparer. Un sourie et geste doux de la main... frustration...

Il me fallait maintenant trouver le bus qui enfin m'emmènerait en terre promise. 1.5 Yuan plus tard, je découvrais cette ville peuplée de touristes Chinois avides de bijouteries où se mêlent le jade et l'argent... Je trouvais une Guesthouse sympathique, où YangNa se montra des plus accueillantes. Je pris le temps de discuter avec elle, elle parlait un anglais presque parfait. Ce petit bout de femme  d'à peine 1.60m travaillait de 7h00 a 23heures, 7 jours sur 7, 51 semaines par an !..

Puis la nuit tombée, je repartis à la découverte de Dali. Les touristes avaient déserté cet endroit haut perché, trop froid pour eux (6 degrés). Dali cette nuit la s'était mise a nue, revêtue d'une parure de lumières oranges qui la rendaient si belle. Etrange contraste, belle de nuit, redoutable le jour...

Pénétré par ce froid qui brutalement s'empara de moi, je décidais de rentrer et de m'offrir le luxe d'un bain bien chaud, je regardais les informations en Chinois. Une autre façon de traiter l'actualité...

Allongé sur le lit, je me mis à penser, ma vision du monde n'était pas des plus optimistes... une douce mélancolie s'installa tranquillement, puis la grisaille envahie mon esprit... que sera demain ?

Il me fallait dormir, couper court à ces idées. Ne penser qu'à ce futur proche qui m'emmènerait sans doute voguer sur le Lac Hérai, là où mon esprit irait rejoindre celui de cet oiseau totem...

La nuit promettait d'être longue... et cette impatience m'éveillerait sans doute très tôt...

Ce soir mes idées avaient la couleur de l'oiseau...

Etrange ?..