Rêves et passions

Rêves et passions

Tad Lo 2

La nuit avait été fraîche, et agitée...

Le bruit incessant de la cascade ne fut perturbé que par le chant des coqs du village. Bientôt la lumière percerait à travers les murs de bambous...

J'étais éveillé, assis sur le balcon, je contemplais ce bouillonnement crémeux et me disait qu'en d'autre circonstances la vie pourrait être belle pour les Miss...

D'ailleurs, elle l'était en quelque sorte... pour le moment... l'insouciance de l'enfance les protégeais des dures réalités de l'avenir pour ces filles des villages sans éducation...

Comme un sablier, j'écrasais les mégots les uns après les autres, personne n'était venu frapper, et il était bientôt 7H00 !..

J'étais inquiet, mais décidais de ne pas aller frapper chez Mamy... Je m'évadais dans mes pensées, la fumée de cigarette jetait un voile grisâtre sur cette journée qui commençait bizarrement pour moi...

C'est un léger grincement du sol en bambous qui trahit l'arrivée de l'une d'elle... C'était Sofia, revêtue de cette espèce de bouse jaune et blanche sans doute à l'origine, et qui avait revêtu la couleur du sol qu'elle piétinait sans chaussures...

Elle vint se coller à moi, me tendit les bras... elle s'asseya sur mes genoux, posa sa tête sur mon épaule... nous restâmes ainsi un long moment sans dire un mot, sans bouger...

Manme fit son apparition, manifestement déçue de voir que la place était prise... un genou pour chacune, un baiser de la part de Manme, puis de Sofia... Et se fut le moment de l'inspection...

Les deux Miss s'employèrent à défaire mon sac, un peu comme un jeu, avec une infinie délicatesse, puis elle remirent tout à l'intérieur, prenant soin de replier chaque vêtement... C'était remis comme avant, ou presque... enfin... pas du tout, et qu'importe...

Promenade dans le village, partage, sourires, jeux...

Impossible de décrire toute cette journée, et qu'importe, elle nous appartient à nous trois... parfois partagés avec Mamy ou avec les filles qui se reposaient le long de la rivière...

La nuit était tombée depuis quelques heures, avec Sofia, Manme et Mamy, nous prirent la direction du village, je voulais offrir des chaussures aux Miss, même si je savais déjà que Manme n'avait pas le mode d'emploi !.. Et qu'elle s'en passerait très vite...

Le soir venu, Mamy vint me parler...

Accroupis tout les deux, nous fumions nos cigarettes, elle m'appelait : Papa Farang, je fus ému, touché... je lui demandait pourquoi ce matin les filles avait mis autant de temps a venir... leur avait-elle interdit de passer pensant peut-être que je dormais...

Pas du tout... Comme moi, les Miss avaient eu du mal à trouver le sommeil, et s'étaient endormies au petit matin, le réveil fut donc des plus difficiles...

Mamy répétait sans cesse : Papa farang, papa farang. elle serait mes mains dans les siennes...

Je la saluait respectueusement, puis allait me coucher...

Je repensais à cette journée, aux moments partagés. Cette journée était tellement loin de ce que je vis à Sarkoland. Mais elle est ce vers quoi je veux aller... Mamy ne m'avait jamais demandé d'argent, je trouvais ça beau.

Je repensais aussi à cette longue discussion avec le Mari de Tim, il parlait très bien anglais et aussi le français, il œuvre beaucoup pour les enfants du village...

Je lui avait parlé de mon désir de scolariser Manme et Sofia, mais au Laos tout est si facile, et parfois si incompréhensible...

Je devais penser autrement, pas avec ma tête de français...

Il me vint une idée, peut-être une lueur d'espoir...

La cascade déverse son flot de bulles, je fume une dernière cigarette...

 

Heureux, simplement...



19/11/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 20 autres membres